mercredi 8 octobre 2025

Portrait de famille - Monstrous Arcana (Partie 1)

Une chronique par Jean-Luc Barbera

Aujourd'hui, un tout petit portrait de famille. 

En 1996, TSR décide de lancer une nouvelle série de modules/accessoires sur des monstres populaires/emblématiques du jeu. Ce sera les Monstrous Arcana series, composé d'un livre accessoire fluff/crunch et d'une trilogie de modules mettant en scène le monstre en question. Ces séries devaient sortir annuellement, et cela durera au final pendant trois ans, mais j'aurai l'occasion d'y revenir.


Le premier à être concerné va être le Beholder (traduit à l'origine par Spectateur, puis par Tyrannoeil) ainsi que le reste de sa "famille". Le premier bouquin à sortir est le "I, Tyrant" par Aaron Allston (qui aura été vraiment prolifique) en juin 1996. Le titre est probablement un jeu entre une référence à "I, Claudius" un roman, et la prononciation "Eye Tyrant" qui sonne de la même façon et qui est un autre nom des beholders.

Le Beholder est un monstre original de D&D (non inspiré par la littérature, la mythologie, le folklore ou autre) et est une idée de Terry Kuntz à l'origine qui sera développé ensuite par Gary Gygax. La première illustration qui a été faite ne donnait pas encore son nom actuel, même si "Sphere of Doom" avait été envisagé avant d'être retiré de sous l'illustration. C'est dans le Supplement 1: Greyhawk pour D&D en 1975 qu'il va être décrit pour la première fois. La famille va donc s'agrandir avec le Eye of the Deep dans le Monster Manual pour AD&D en 1977, qui contient aussi une particularité avec la Gas Spore qui ressemble beaucoup, sans en être vraiment un, mais qui met le doute chez les aventuriers qui vont vite apprendre à craindre ce monstre, et pour cause.

Le module L1 The Secret of Bone Hill va introduire une autre espèce, le Spectator en 1981.

Le "I, Tyrant" est donc un supplément de background hyper détaillé sur les beholders, sur leur vie, leur psychologie, leurs capacités, leur organisation sociale, etc.... Il y a aussi un peu de crunch, comme des objets magiques spécifiques ou encore les stats de différentes espèces apparus dans divers autres suppléments/scénarios.

Ce n'est pas le premier supplément à décrire en détails un monstre comme cela, ni même la première fois qu'on s'intéressait aux beholders autrement que via leurs stats. En effet, la série des Monster Ecologies de Dragon Magazine avait, dès le début des années 80, commencé à décrire les monstres avec profusion de background (n'en déplaise aux détracteurs du jeu). Le beholder y avait eu droit (The Ecology of the Beholder) sous la plume de Ed Greenwood (Mr Forgotten Realms himself avant même la publication de son univers) dans le numéro 76 d'août 1983. Un an et demi plus tard, Ed qui a l'air d'aimer les beholders, va recommencer avec cette fois-ci "The Ecology of the Eye of the Deep" dans le numéro 93 de janvier 85, qui établit directement un lien entre les deux espèces pour la première fois. C'est ensuite avec Spelljammer que les beholders vont être encore plus détaillés par la suite (voir là aussi le portrait de famille sur cette gamme) et connaître beaucoup de variantes.

Le "I, Tyrant" va être donc suivi immédiatement d'une trilogie pour l'exploiter, même s'il n'est pas essentiel pour mener les aventures.

Eye of Pain par Thomas M. Reid arrive en juillet 1996 et c'est la première partie de cette trilogie. C'est une série de modules génériques, quelque chose qui était devenu rare à cette époque de la deuxième édition, alors que les modules consacrés à un univers spécifique étaient devenus davantage la norme (et encore une fois, malheureusement, une des raisons de la chute de TSR).

L'accroche du scénario est typique des années 70 mais la structure est ensuite typique des années 90. On a un environnement urbain assez détaillé, avec tout plein de PNJs et leurs machinations et motivations. Un petit donjon conclue l'aventure.

Eye of Doom encore par Thomas M. Reid sort en octobre 1996. Le module utilise les mêmes recettes que le précédent, avec un complot complexe, un environnement urbain et des événements. Par contre, il n'y a pas de donjon (une chose qu'on voyait davantage pendant les années 90).

La conclusion Eye to Eye toujours par Thomas M. Reid arrive en janvier 1997. Ce troisième volume est deux fois plus gros que les précédents (64 pages contre 32). Ce troisième module utilise tout l'histoire développée auparavant, mais on a ici un gros dungeon crawl où les aventuriers vont aller chercher des cosses aux beholders dans une de leurs cités. On doit encore à Ed Greenwood d'avoir fait du beholder un monstre de l'underdark (il ira jusqu'à imaginer pas moins de sept cités de beholders dans le monde souterrain de Toril, voir le Drizzt Do'Urden's Guide to the Underdark sorti en 1999), quelque chose qui n'était pas envisagé à l'origine lors de la sortie du Dungeonneer's Survival Guide en 1986.

Le beholder va rester populaire et connaîtra une nouvelle description de son background (avec certaines différences au cours de la troisième édition, dans le livre Lords of Madness: The Book of Aberrations ainsi qu'en cinquième édition dans le Volo's Guide to Monsters (avec là aussi encore des changements de background).

In Memoriam

Jean-Luc Barbera était un roliste et un passionné de Donjons et Dragons.  Il faisait partie, avec quelques autres passionnés, d’un groupe très confidentiel de collectionneurs de jeux de rôles dont j’ai le bonheur de faire partie.  Il a partagé avec nous un certain nombre de chroniques dans lesquelles il retraçait l’historique du grand ancêtre du jeu de rôle, patiemment, gamme après gamme.  Jean-Luc a été foudroyé par le COVID à l’âge de 46 ans en décembre 2021, laissant derrière lui un vide abyssal.  Il nous manque énormément.  En sa mémoire, je vais partager avec les lecteurs de ce blog quelques-unes de ses chroniques… 

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