mercredi 12 novembre 2025

Portrait de famille - les modules de la série "DDA" pour D&D Basic / Expert

Une chronique de Jean-Luc Barbera

Aujourd'hui, un portrait de famille plus court, sur la série de modules DDA (pour Dungeons & Dragons Adventures). Cette série va marquer la fin d'une époque, et d'une certaine façon du BECMI.


Les séries de modules avec scénarios s'étaient arrêtés en 1987. En 1989 on a étonnamment, la série B qui revient avec les modules B11 et B12. Comme je le disais, chez TSR, on trouve que les modules avec des hauts numéros ne se vendent pas assez bien. Au lieu donc de sortir un B13, en 1990 on voit arriver le DDA1 Arena of Thyatis par John Nephew. Dans le cahier des charges, il fallait que dans ce scénario, les aventuriers deviennent des gladiateurs (quelque chose qu'on va retrouver par la suite, notamment dans Dark Sun). Ce module est fortement lié à la boite Dawn of the Emperors dont je parlais précédemment. Le scénario est fortement ancré dans la philosophie des années 90 avec beaucoup d’interaction avec des PNJs (avec beaucoup beaucoup de PNJs), une histoire très scriptée (sans trop de railroad malgré tout), et des thèmes de corruption politique. On retrouve la classe de "rake" de Dawn of the Emperors, un peu remise à niveau, car c'était juste un voleur en moins bien avant cela. Et on tease l'arrivée de la prochaine boite de campagne pour le Known World, avec des références à la Terre Creuse (à voir dans le prochain portrait de famille).

Arrive ensuite le DDA2 Legions of Thyatis par John Nephew encore, qui est une suite directe du précédent module. Ici, le module est fortement connecté à la nouvelle boite Hollow World qui va décrire l'intérieur du Known World, sa Terre Creuse. On a une certaine quantité de background à ce niveau, qui continue le teasing de cette nouvelle boite. À noter qu'ici le scénario touche au niveau 4, ce qui dépasse les règles de la boite Basic, et donne une idée de ce qui va arriver ensuite. On a encore des thèmes réalistes, dont un procès dans le scénario. Très scripté, même s'il y a quelques passages d'exploration.

Puis en 1991 arrive une nouvelle boite D&D Basic. Celle qu'on appelle la Basic Black Box (ou D&D 5th Edition, sisi), qui va être une boite d'introduction à D&D, et couvrir les niveaux 1 à 5. Il n'y aura plus par la suite d'autres boites pour couvrir les niveaux supérieurs. Pour cela, il faudra se tourner vers le D&D Rules Cyclopedia dont j'ai parlé dans le portrait de famille D&D Basic. Il y aura une autre boite du même style en 1994 (la D&D 6th Edition, hé oui, vous saviez pas qu'elle existait !) et une dernière en 1996 (sans de réelles différences mis à part les illustrations ou la mise en page).

TSR veut que se servir de D&D Basic comme une introduction au jeu, et la gamme ne va quasiment plus servir qu'à cela.

Pour accompagner cette boite, en 1991, sort le module DDA3 Eye of Traldar par Carl Sargent (avant qu'il commence à beaucoup travailler sur Greyhawk) avec notamment le nouveau logo. On reste dans le Known World, et on revient notamment dans le Grand Duché de Karameikos et une de ses baronnies. Il n'y a pas trop de background ici, car l'idée est que c'est un scénario d'introduction, donc il ne faut pas surcharger d'informations. Du background sera malgré tout écrit et publié dans le magazine Dragon quelques années plus tard. On est ici dans un dungeon crawl très classique (avec vraiment très peu d'extérieurs), car la nouvelle boite Basic ne propose que des règles pour les aventures en donjon.

Et toujours en 1991, on a le dernier module de la série, le DDA4 Dymrak Dread par John Nephew qui est sensé être une suite du précédent. Le problème, c'est qu'il n'y a pas eu de concertation, et de plus, TSR est toujours dans l'idée de faire de D&D Basic un jeu d'introduction et d'initiation, et réduit le module de 32 à 16 pages. L'auteur aura beaucoup de mal avec cela et le scénario est très différent de ce qu'il avait prévu à l'origine et notamment les manipulations politiques disparaissent pour une histoire beaucoup plus simple. La forêt en question est celle du chef d'oeuvre B10 Night's Dark Terror mais ce n'est pas réellement exploité. On a ici un dungeon crawl très classique. Petite anecdote, le symbole en bas à droite de la couverture servait à différencier les différents types de modules. Un symbole de dragon servait pour identifier les scénarios, un symbole d'épée et de bouclier devait être pour des suppléments, un parchemin pour des règles, et un château pour un accessoire qui comprenait du matériel 3D ou composants spéciaux.

Et cela sera tout pour la série DDA. Cette tendance à produire des modules d'introduction de bas niveau va continuer les années suivantes. Ne les ayant pas, je ne ferai pas de portrait de famille, et je vais en parler succinctement ici. En 1992 et 1993 va sortir 8 modules "Entry" donc, 7 scénarios d'introduction/initiation de bas niveau (niveaux 1 à 5 pour aller avec la nouvelle boite Basic) et un accessoire. Cette série est appelée aussi "Thunderift Series". Elle est déconnectée du Known World, en présentant une petite région autonome qui peut s'insérer un peu dans n'importe quel univers. Cela sera les derniers scénarios pour D&D Basic. Je ne sais pas trop ce qu'ils valent en tant que scénarios, mais ils sont plutôt chers sur le marché de l'occasion. Étant de plus déconnectés du Known World, je n'ai pas trop cherché à les récupérer.

In Memoriam

Jean-Luc Barbera était un roliste et un passionné de Donjons et Dragons.  Il faisait partie, avec quelques autres passionnés, d’un groupe très confidentiel de collectionneurs de jeux de rôles dont j’ai le bonheur de faire partie.  Il a partagé avec nous un certain nombre de chroniques dans lesquelles il retraçait l’historique du grand ancêtre du jeu de rôle, patiemment, gamme après gamme.  Jean-Luc a été foudroyé par le COVID à l’âge de 46 ans en décembre 2021, laissant derrière lui un vide abyssal.  Il nous manque énormément.  En sa mémoire, je vais partager avec les lecteurs de ce blog quelques-unes de ses chroniques… 

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